Le cahier d'arts plastiques: 3ème : Je suis une oeuvre d'art

Niveau : 3ème

Je suis une œuvre d’art

Réaliser une photographie qui démontre que votre corps est acteur dans votre production.

Nous avons déjà vu, dans un sujet précédent, le rôle du spectateur quand il devient acteur. La problématique d’aujourd’hui est : quelle est le rôle du corps de l’artiste dans son œuvre?

Si l’artiste a longtemps travaillé dans son atelier à l’abri des regards, n’en sortant au XIXème siècle que pour peindre sur le motif (fleurs, paysage, chemin de fer…), il en est allé tout autrement au XXème siècle.

Monet dans son atelier, peint par MANET, 1874

Avec les nouvelles pratiques artistiques du happening et de la performance, le corps de l’artiste n’a jamais été aussi impliqué, malmené, exhibé, devenant outil, support, d’une œuvre se déployant dans l’espace et dans le temps. L’œuvre de l’artiste s’inscrit alors dans la durée et tend quelquefois à se confondre avec sa vie.

Son corps devient support, acteur du langage artistique.

Quelques exemples de référents artistiques :

À partir de la fin des années 1940, le peintre américain Jackson Pollock peint des tableaux abstraits de plus en plus grands.

« Au sol je suis plus à l'aise. Je me sens plus proche du tableau, j'en fais davantage partie ; car de cette façon, je peux marcher tout autour, travailler à partir des quatre côtés et être littéralement dans le tableau. C'est une méthode semblable à celle des peintres Indiens de l'Ouest qui travaillent sur le sable ». Jackson Pollock, photographié en noir et blanc, dans son atelier en 1950, par Hans Namuth.

Les Anthropométries (1956) d’Yves KLEIN sont le résultat de performances réalisées en public avec des modèles dont les corps enduits de peinture viennent s’appliquer sur le support pictural. Les modèles sont guidés à distance par l’artiste. Le tableau est le témoin de ce qui s’est passé.

Yves Klein (1928 - 1962) ANT 82, Anthropométrie de l'époque bleue, 1960 Pigment pur et résine synthétique sur papier marouflé sur toile, 156,5 x 282,5 cm Centre Georges Pompidou

Depuis 1965, quand une peinture est achevée, Roman Opalka se prend en photo. Toujours en noir et blanc, de face, sur un fond blanc, portant une chemise blanche dont le col entrouvert dévoile une chaîne autour du cou. Ce rituel invariable montre les effets du temps sur le visage de l’artiste. Vie et œuvre sont irrémédiablement liées. L’artiste a composé une suite artistique dont le terme a été sa propre mort.

Roman Opalka OPALKA 1965/ 1-infini (détails n° 2662596, ..., et n°5466435). Photographies noir et blanc30,5 x 24 cm chacune.

« The Invisible Man », l’artiste chinois Liu Bolin utilise son corps pour agir comme un caméléon, se fondant parfaitement dans son décor. Un regard sur son processus créatif montre l’effort incroyable mis en avant pour examiner l’environnement et fusionner avec lui. En portant des vêtements peints de chaque détail, l’illusion d’optique que Bolin crée est incontournable.

Bien que de nombreux artistes s’efforcent d’apporter l’illusion de 3 dimensions sur une surface plane, l’artiste d’installation américaine Alexa Meade fait le contraire. Elle peint son corps pour donner l’illusion d’une peinture lors d’une photographie.

Influencé par la nature, le peintre du corps Johannes Stötter a une capacité inégalée à transformer un ou plusieurs corps en divers animaux. Parfois, ses illusions sont si précises que ce n’est que par la vidéo en mouvement que l’on peut déchiffrer les modèles peints à la perfection.

Votre corps est un matériau que vous pouvez transformer, modifier, dévoiler, cacher...

Les questions à se poser :

Comment le corps de l’artiste peut-il faire partie intégrante de l’œuvre ?
Comment et pourquoi l’auteur fait-il de son corps un médium artistique ?
Comment son corps peut-il être interrogé dans l’œuvre : corps support, matière, outil...

Matériaux et outils : vous, appareil photo, logiciel numérique (facultatif), tout ce que vous avez à votre disposition.

PRODUCTIONS :